Ils nous ont mis au monde, élevé du mieux qu’ils ont pu selon l’éducation qu’ils ont reçue et un jour, ils deviennent vieux si la vie ne les prive pas de ce passage avant le voyage final.
Le rôle d’un enfant est alors de s’occuper de ses parents, devenant un aidant, et de profiter de leur présence au fil des ans. Néanmoins, la tâche peut s’avérer compliquée lorsque l’un d’eux, en proie à la solitude liée au décès de sa moitié qui l’a accompagné(e) durant des années, devient aigri et centré sur lui, au point d’espérer l’omniprésence de son enfant.
Entre culpabilité et nécessité de garder du temps pour lui, l’enfant est souvent tiraillé, considérant son père ou sa mère comme un « boulet » dans les moments d’épuisement, avant de se dire que cette pensée n’est pas digne de lui.
Il est rare d’oser en parler. La vieillesse et les difficultés associées à la dépendance de nos parents sont tabous, sans oublier les dangers des placements en EPHAD qui accroissent le sentiment d’impuissance à les sauver. Si prendre soin de sa famille est une nécessité, se sacrifier n’est pas un acte bénéfique en soi. Comment peut-on donner lorsque l’on est soi-même en proie à ses états d’âme et incapable de développer les qualités nécessaires au rôle d’aidant si épuisant ? Alors chacun fait comme il peut, s’arrangeant avec sa conscience et les diktats de la société.
J’ai tendance à penser que le déclin de nos aînés et la pénibilité à s’en occuper, couplée à notre impuissance à les soulager et à assumer notre culpabilité, ont pour objectif de faire de leur départ un moment soulagement…
Et puis, lorsque le deuil se fait, on repense à ces années passées à leurs côtés en se disant que nous aimerions encore être leur enfant pour qu’ils prennent soin de nous comme nous aurions voulu prendre soin d’eux…
By Stephanie Zeitoun
« C’est comme ça la vie »